« CLOSE-UP » de Geoffrey Badel

Tout ce que vous allez voir et ne pas voir dans cette exposition provient d’une photographie d’un portrait de l’artiste, prise par son père, lorsqu’il avait cinq ans. Avec des serpentins en guise de perruque, le jeune Geoffrey s’adonne à un shooting grimaçant dans la cave de sa maison d’enfance, dont les murs recouverts d’un papier argenté servaient de décor pour des boums endiablées et ses spectacles de magie.

La prestidigitation, ou l’illusionnisme, est un art du spectacle qui consiste à créer des illusions qui leurrent nos sens : apparition et disparition, lévitation, transformation, évasion impossible, mentalisme et prédiction. Avec leurs astuces et leur habileté, le prestidigitateur ou la prestidigitatrice créent des contextes spécifiques grâce auxquels leur trucage tord le cou à notre aptitude à percevoir.

Le titre « CLOSE-UP » de l’exposition fait référence à une branche de la prestidigitation qui se déroule à courte distance, à proximité des spectateur·ice·s. Le magicien ou la magicienne se positionnent à portée de main de leur public, autour d’une table par exemple, pour délivrer un moment d’intimité.

Geoffrey imbrique des souvenirs d’enfance pour énoncer à travers des formes artistiques la complexité de grandir et de se construire en tant qu’homosexuel dans une société où l’hétérosexualité est toujours considérée comme allant de soi, obligeant souvent les personnes queers à dissimuler leur identité et leurs désirs. Il aborde cette réflexion en prenant comme appui son expérience de prestidigitateur durant son adolescence, une période où, selon lui, il réalisa ses premières œuvres et performances artistiques.

Parmi les rares représentations homosexuelles dans les années 1990 et 2000, la figure du magicien, costumé et maquillé, est très tôt devenue un modèle positif pour l’artiste, à travers lequel il s’est longtemps identifié. Comme le prestidigitateur, la personne gay fait appel aux boniments dont l’objectif est de plaire, de convaincre ou de séduire dans certains contextes pour éviter que son secret soit dévoilé.

Aux allures autobiographiques et abracadabrantes, l’exposition CLOSE-UP est une tentative de révéler des fragments de souvenirs pour se redéfinir. Elle ouvre une brèche dans la réalité afin de raconter l’expérience méconnue d’être queer, de contribuer favorablement aux imaginaires et de célébrer les nouveaux modèles à venir.