« Le procédé au Collodion humide, inventé en 1850 par le Gustave le Gray, consiste à fabriquer artisanalement une photographie depuis la découpe du support jusqu’à l’image finale. Le Collodion, liquide sirupeux, est coulé sur une plaque de verre ou d’aluminium. Cette plaque est ensuite immergée dans une cuve de sensibilisation pendant quelques minutes. Dès la sortie de la cuve, la plaque devient sensible à la lumière. Elle est alors placée dans un châssis pour effectuer la prise de vue. Après avoir pris la photo, la plaque doit être immédiatement révélée, lavée et fixée. En une dizaine de minutes cette expérience photographique nous donne à voir une étonnante icône, naissance hallucinée. Aussi ce procédé ne respecte pas le même spectre lumineux que notre œil, nous dévoilant dès lors des aspects non palpables de la réalité. Les traits sont accentués, certaines couleurs métamorphosées. Le portrait aggrave ainsi l’âme, rend palpable les présences. »
À propos de l'artiste
Le travail de François Pitot établit une connexion avec une dimension sociale et esthétique qui tend à se raréfier : l’empreinte tangible du portrait photographique. Dans une époque où le numérique fait prévaloir l’immédiateté et l’aspect virtuel de ce mode d’expression, l’incarnation de l’objet dans le temps et l’espace devient secondaire. A contre-courant de cette tendance, Pitot emploie le procédé du collodion humide comme un attachement au principe de développement progressif. Il n’est pas question ici de saisir le portrait comme un effet du hasard, temporaire et contextuel, mais plutôt de retenir un fragment d’une identité délicatement déposée sur la surface du verre.